Mon expérience VIPassana
Pour commencer, je me sens privilégiée de pouvoir vous partager ce que j’ai personnellement vécu !
Voici, à chaud, mon premier bilan sur l’expérience de Vipassana.
Découverte de mon corps
Tout d’abord, la respiration. Pendant 10 jours, elle est la base de tous les exercices. J’observe. J’observe, et j’observe encore ma respiration naturelle. Ma concentration sur une petite zone, entre les narines et la lèvre supérieure, me permet d’affuter mon ressenti. Je suis dans une pièce presque noire, entourée de femmes, dans le silence, dans un lieu reposant et propice à l’introspection. Je me sens bien.
Au bout de 3 jours, je commence à laisser aller la charge mentale inutile. J’apprends à observer toutes les autres zones de mon corps. Un espace à la fois, en essayant de n’en oublier aucun. Et j’observe, j’observe, j’observe encore ce qu’il se passe naturellement.
Et pendant les 7 autres jours, et peut-être pour le restant de ma vie, aussi souvent que possible je ressens mes sensations dans le moment. Peu importe ce que je suis en train de faire. C’est mon plus grand apprentissage dans cette retraite de Vipassana.
L’équanimité
Cela a été un concept difficile à comprendre pour moi. Il s’agit d’une égalité d’âme, d’humeur. Je m’efforce de ne pas me laisser embarquer par mes sensations physiques, qu’elles soient agréables ou désagréables. C’est à dire que je travaille à mentalement rester calme et attentive, et observer simplement ce que je ressens sur ma peau. Picotements, fourmillements, chatouillements, douleur, pincement, élancement, irradiation, lourdeur, fraicheur ou chaleur : c’est ce genre de sensations que je dois observer. Que des sensations physiques, objectives et bien réelles.
Chaque fois qu’une pensée arrive, dès que je m’en rends compte, je la laisse aller. Sans me juger ou me taper dessus, je reviens en douceur à mes sensations. J’essaie de sourire même à ce moment là. Je suis en apprentissage.
Un concept nouveau qui va me rendre grandement service, Merci Vipassana !
La loi de la nature
C’est l’impermanence dont je parle ici. La nature est changement. Nous sommes des êtres impermanents, tout comme chaque élément de notre environnement : objets, personnes, plantes, animaux. Nous sommes aussi constitués de milliards d’atomes. Je parle ici du peu que je connaissais de la physique quantique, mais notre corps est énergie physique, électromagnétique. Au plus je vais loin dans mon ressenti physique, au plus je suis capable de ressentir que je suis un être formée de milliards d’atomes. C’est ainsi.
L’intérêt d’apprendre à ressentir mes sensations est ici primodrial. Ressentir profondément ma nature impermanente, me permet de ne pas m’attacher à ce que je suis, à laisser faire la nature, laisser aller les sensations. Elle apparaît, et elle disparaît ; elle apparaît et elle disparaît. Apparaît et disparaît.
Que ce soit une douleur ou une sensation agréable, chaque sensation est impermanente. C’est la loi de la nature.
La libération des souffrances
Si j’apprends à maitriser mon esprit, et à ne plus me laisser embarquer dans des sensations agréables ou désagréables, je me détache de mes souffrances, de mes négativités. Je ne me laisse pas envahir, je ne refoule pas.
En effet, chaque fois que j’ai souffert dans ma vie, depuis toute petite, j’ai enregistré une sensation corporelle de douleur/tension. Je ne savais pas que c’était impermanent, et donc j’ai refoulé dans mon corps ces sensations qui se sont ancrées, et qui sont encore là.
Par exemple, pour une sensation agréable : l’odeur du jasmin liée à un lieu que j’ai apprécié dans mon enfance. Lorsque je sens de nouveau cette odeur, je retourne dans le passé et je vis du désir de ressentir de nouveau l’émotion agréable liée à l’odeur. Ceci me fait souffrir puisque je recherche une sensation qui appartient au passé. Je ne suis pas dans l’ici et maintenant, je suis ailleurs.
Prenons le cas d’une sensation désagréable, lorsque quelqu’un me passe devant dans une file d’attente. Lorsque je revis cette situation, toute la colère refoulée va faire surface, et alors je vais réagir.
Donc, si je suis en réaction, alors je ne suis pas dans la maitrise de mon esprit, de mes pensées, de mes actes. Je suis dans la permanence de mon émotion : je lui donne le pouvoir, ou je me laisse envahir par elle et je souffre de cette négativité. Mon entourage aussi va souffrir; dans cet exemple, la personne va surement réagir aussi « voyons ! Vous êtes passé devant moi » va entraîner « ben vous n’avancez pas et moi je suis pressé ! ».
Dernier exemple
J’ai voulu partir plus tôt de la retraite de 10 jours. Au neuvième jour, j’avais très envie de retrouver ma famille et mes enfants, et la sensation que la période de « réadaptation » prévue à la fin du séjour, avec droit de parole, était trop longue. Je suis allée en parler à l’enseignante, j’étais en réaction et je pleurais, je voulais partir. Elle m’a dit qu’il y avait certainement une souffrance profonde en train de se libérer, et j’ai donc travaillé le reste du temps à accepter l’ennui, l’impatience et l’attachement « excessif ». J’ai travaillé très fort à laisser aller ces émotions au lieu de résister et de souffrir intérieurement. La suite a été très agréable, j’étais dans l’ici et maintenant, dans la réalité de l’instant et j’ai fait de belles rencontres avec les autres personnes qui étaient là.
Ainsi, je n’ai pas entraîné de négativité comme j’aurai fait avant : « je veux partir, on ne peut pas m’en empêcher, c’est fou quand même ! Voyons, je ne comprends pas pourquoi c’est si long, c’est inutile ! Je n’ai pas que ça à faire moi, faut que je rentre chez moi maintenant; etc… ». Ceci aurait entraîné bien des souffrance intérieures, du ressentiment peut-être en plus de la colère, du jugement, etc…
La pleine conscience
C’est lorsque je suis pleinement consciente de ce que je vis, dans l’ici et maintenant, que je peux choisir de rester équanime. Ainsi je ne souffre pas. Si je passe devant un magnifique fraisier dans une pâtisserie réputée, je peux me dire « c’est un magnifique fraisier, il est éphémère, tout comme mon désir d’y gouter » ceci me permet de me détacher du désir, et de laisser partir. Le désir s’évapore parce que je choisis consciemment de le laisser partir. Je reste dans l’ici et maintenant « j’observe mon désir de gouter à ce magnifique fraisier et je le laisse partir parce que je ne veux pas souffrir ». Je ne me dis plus comme avant « tu es gourmande, ce fraisier doit être délicieux, achètes-le pour y gouter », la réalité est que je n’en ai pas besoin ici et maintenant. Apparaît, et disparaît.
Je pratiquais comme je pouvais la pleine conscience, et Vipassana a renforcé mon intérêt de la pratiquer.
Le sens de tout ça
Finalement, c’est l’amour de soi et l’amour de l’autre. Nourrir la compassion, c’est le sens de ma vie. Lorsque je fais des choix conscients en lien avec mes désirs, mes peurs, mes émotions, mes sensations ; alors je vis le moment présent. Je ressens la vie que j’ai à chaque instant. Je ne suis ni dans le passé, ni dans le futur, ni dans l’imagination.
En outre, c’est de l’introduction à la sagesse que j’ai appris à Vipassana. C’est la volonté d’être au service des autres parce que cela me nourrit. Et que je nourris les autres en même temps. Si c’est ma contribution au monde, alors c’est parfait. J’aurai été une bonne personne.
À la fin de ma vie, le bilan sera magnifique ! Et j’aurai eu la joie d’être pleinement vivante, éphémère, à chaque moment de ma vie, ou presque.
Finalement, si je vous partage tout cela, c’est pour que vous aussi, puissiez regarder où vous en êtes dans votre vie, et quels sont les blocages que vous avez à libérer, à laisser partir. Chacun vit les choses à sa manière.
Puissiez-vous être heureux, paisibles et libérés !
Marie-Ange Galy, aidante remplie de compassion
Plus d’infos sur Vipassana : dhamma.org
Merci Marie-Ange de partager ton expérience. C’est très enrichissant et cela me connecte à mes pratiques en Focusing ( laisser parler le corps par le sens corporel)
Les textes et tes exemples sont très inspirants çà me donner l’élan de faire l’expérience de l’ici et maintenant
Bravo et merci
Avec plaisir Denis 🙂 Au plaisir de te revoir !
Merci Marie-Ange pour ce rappel, rappel à moi et rappel au présent. Merci pour la compassion, pour ton accompagnement sur la route de la vie.